Données techniques :
Format : 17 x 23 cm
304 pages en 4 couleurs
113 illustrations en couleurs et noir et blanc
Édition reliée pleine toile cousue au fil
Prix : CHF 35.-

www.alice-rivaz.ch

Par Valérie Cossy

Alice Rivaz est l’une des meilleures écrivaines romandes du XXe siècle. Toute sa vie et son œuvre témoignent d’une quête exigeante de liberté féminine et, en ce sens elle peut être comparée à Virginia Woolf qui fut pour elle, plus que Simone de Beauvoir, un modèle. Née Alice Golay, elle était la fille de Paul Golay, grande figure du socialisme vaudois, pacifiste, antimilitariste, pourfendeur des injustices sociales et de la toute-puissance du Parti radical comme de l’hypocrisie religieuse, et d’Ida-Marie Golay-Etter, une femme au protestantisme rigide et à la morale austères.  Sa liberté, face à des parents aimés et à une société accordant si peu de place publique aux femmes, elle l’a conquise en venant en 1924 travailler à Genève au Bureau international du travail, assurant ainsi son indépendance financière, et en refusant, alors qu’elle est belle et séduisante, la dépendance qu’aurait impliqué un mariage, amoureuse certes, mais demeurant résolument célibataire et sans enfants. Elle n’échappera pas toutefois t à des rôles de femme conventionnels, comme d’exercer toute sa vie un travail de dactylographe répétitif et aliénant ou de s’occuper pendant plusieurs années avec abnégation de sa mère devenue veuve.

Valérie Cossy explore cette vie de femme toute entière commandée par le désir d’être libre et d’écrire. Elle situe Alice Rivaz par rapport aux auteurs dont la trajectoire et l’écriture l’inspirent – Ramuz, au village duquel elle emprunte son nom d’écrivaine, Simone Weil, Colette, Virginia Woolf, Proust  ̶  ou qui sont ses amis genevois – Pierre Girard, Jean-Georges Lossier, Jean-Claude Fontanet. Elle montre de quelle manière son œuvre embrasse le monde moderne dans lequel la plonge, proche ou lointain, avec ses crises et ses guerres, ses espoirs et ses souffrances affectant les individus jusque dans leur intimité, son travail au sein de la Genève internationale et sa condition de femme. Elle invite ainsi à la lecture et à la relecture des œuvres de cette pionnière à la fois, comme elle l’écrit, « insoumise et ligotée par les conventions de son époque ».

Les femmes ont une manière particulière de regarder le monde. En 1947, son roman La Paix des ruches, fut considéré comme androphobe et fit presque scandale. Cette écriture féminine par son contenu, par le langage simple des femmes qu’elle met en scène, leur angle de vue, la description de leur dépendance et de leur humiliation, offre sans pathos mais avec une sourde colère un miroir de la condition féminine en Suisse au XXe siècle.

L’auteure, Valérie Cossy, spécialiste en littérature française et anglaise, est professeure associée en étude genre à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Elle s’est en particulier intéressée aux femmes écrivaines dans l’histoire littéraire de même qu’aux représentations des femmes et des hommes par la littérature. Elle avait consacré auparavant un ouvrage aux premières traductions en français des romans de Jane Austin, Jane Austin in Switzerland (Genève, Slatkine, 2006) et un autre à Isabelle de Charrière, écrire pour vivre autrement (Lausanne, PPUR, 2012).

Françoise Fornerod, qui signe la préface, est maître d’enseignement et de recherche à l’École de français moderne de l’Université de Lausanne. Elle a co-dirigé la revue Écriture de 1985 à 2005 et est l’auteure de nombreuses études sur la littérature romande, notamment sur Guy de Pourtalès, Yvette-Z’Graggen et Alice Rivaz. Elle a fait paraître en 2008 Pourquoi serions-nous heureux ? Correspondance entre Alice Rivaz et Jean-Georges Lossier.

L’ouvrage comporte en outre des témoignages : de Bertil Galland, journaliste et éditeur, co-fondateur d’Ecriture, de Janet Todd, universitaire galloise auteure de nombreux ouvrages sur la littérature féminine, et de Daniel Maggetti, professeur ordinaire de littérature romande à l’Université de Lausanne, directeur du Centre de recherches des Lettres romandes et qui fut co-directeur d’Ecriture. Il livre aussi une bibliographie complète de et sur Alice Rivaz, ainsi qu’une liste des principaux ouvrages consultés pour sa rédaction. Ila été placé sous la direction scientifique d’Erica Deuber Ziegler et la direction artistique de Roger Chappelu.